La Louisiane en 1867 est un texte issu du « Dictionnaire de la Conversation », publié en 1867. On la retrouvé cette encyclopédie dans des archives familiales.
Le sous-titre de cette encyclopédie annonce » inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, par une société de savants et de gens de lettres »
Pour plus de lisibilité, des sous-titres s ‘intercalent dans le texte.
Situation physique de la Louisiane
LOUISIANE, un des États- Unis de l’ Amérique du Nord, d’une superficie totale de 1,465 myriamètres carrés, borné au sud par le golfe du ‘Mexique, est séparée du Texas à l’ouest par la Sabine, de l’État d’Arkansas au nord par le 33ème degré de latitude septentrionale, et de l’État du Mississipi, à l’est, par le Mississipi, et plus loin par la rivière des Perles.
Le Mississippi
De son principal cours d’eau, le Mississipi (à l’embouchure duquel se trouve une énorme barre de sable et de limon), se détachent à l’ouest, au-dessous du Red-River, un grand nombre de bras appelés Bayous dans la langue locale, tels que l’Atchafalaya, la Fourche , etc., qui divisent la partie sud-ouest de la Louisiane en un grand nombre d’îles entourées soit par les eaux du fleuve, soit par celles de la mer. Le bras le plus important du Mississipi à l’est, est l ‘Iberville , communiquant par les lacs Maurepas, PontChartrain et Borgne, avec le golfe du Mexique, et délimitant avec l’Atchafalaya le grand delta du Mississipi.
Une grande partie de ce delta est exposée à des inondations annuelles,
Le terrain d’alluvion formant les deux rives du fleuve, indiqué sur une grande étendue au moyen de levées parallèles au cours du Mississipi , est d’une merveilleuse fécondité, couvert d’une foule de belles plantations, le plus ordinairement destinées à la culture de la canne à sucre, qui donnent à toute la contrée un aspect ravissant, et produisent aujourd’hui, année commune, pour plus de 50 millions de francs de sucre. La partie sud-ouest de la contrée, celle qui avoisine le golfe, se compose de marais salants.
Les prairies
Plus loin, dans l’ intérieur du pays, commencent déjà les Prairies, dont quelques-unes s’élèvent à environ 16 mètres au-dessus du niveau des plus grandes eaux. Entre le Mississipi, l’Iberville et la rivière aux Perles, le sol est plat et utilisé pour la culture de la canne à sucre et du coton. Le nord est onduleux et boisé. Au nord-ouest, le Red-River atteint le territoire de la Louisiane, où il envoie à droite et à gauche un grand nombre d’embranchements formant des lacs, des îles et des marais, reçoit les eaux de la Wachita et traverse une région au sol plantureux et fertile. La fin de ·l’été et l’automne sont des saisons malsaines à la Louisiane, et la fièvre jaune sévit régulièrement c haque année sur la côte et dans le delta. L’hiver est doux et agréable, mais
variable et même parfois très-rude.
L’ agriculture de la Louisiane en 1867
L’agriculture est la grande industrie de la population, et partout ce ne sont que plantations. La canne à sucre, dont la culture y fut introduite en 1751, constitue l’article le plus important des productions du sol; vient ensuite le coton. On y récolte aussi, en quantités immenses, du riz, du maïs, des fruits de toutes espèces, du tabac et même du vin. Les épaisses forêts de la partie supérieure du pays fournissent beaucoup de bois de construction, et même diverses espèces de bois précieux. L’ éducation du bétail n’a pris des développements considérables que sur quelques points. Les vastes prairies de l’intérieur nourrissent une grande quantité de bêtes à cornes, de chevaux et de porcs. Les animaux sauvages, tels que ours, loups, daims, alligators et porcs-épics, y sont aussi très nombreux. Les produits du règne minéral sont le fer, l’argent, la houille, l’alun, le sel, la pierre meulière, la chaux, l’argile.
La Louisiane en 1867 et son industrie
L’ industrie se borne jusqu’à présent à peu près à l’affinage des produits bruts, En revanche le commerce, le commerce extérieur surtout, y a pris les plus immenses développements. Le centre presque unique du commerce avec l’étranger est la Nouvelle-Orléans, ville qui est au sud-ouest et à l’ouest de l’Union ce que New-York est à l’est. Les exportations consistent en sucre, coton, tabac, riz, maïs, farine, poix, goudron, térébenthine, chanvre, voiles et cordages, bois de construction, viande de porc salé, jambon, lard, suif et cuir. Divers chemins de fer et canaux favorisent les relations du commerce intérieur.
Géographie humaine de la Louisiane en 1867
Les habitants de la Louisiane sont aujourd’hui une race métisse, produit du mélange de tontes les nations , mais plus particulièrement de Français et de leurs descendants, d’Espagnols, d’Anglais, Américains, d’Ecossais, d’Irlandais et d’Allemands. Leur nombre, qui en 1810 ne s’élevait qu’à 76,556, était déjà en 1840 de 352,411, dont 25,502 hommes de couleur libres et 168,452 esclaves. En 1850 il était de 511,974, dont 255,416 blancs, 239,021 esclaves, et 17,537 hommes de couleur libres. La grande majorité de cette population professe la religion catholique. Le nombre des établissements d’instruction publique est encore très-minime. En 1849 on a fondé à la Nouvelle-Orléans une université de la Louisiane. L’État possède en outre des collèges à Bâton-Rouge et à Saint-Charles; depuis 1838 et depuis 1839, le Cenienorç College, à Jackson, et le Franklin College à Opelousas, Il existe un séminaire catholique au Grand-Coteau.
L’ organisation politique de la Louisiane juste avant 1867
Aux termes de la constitution de 1812, qui a été révisée en 1845, la puissance législative est exercée par un sénat de 32 membres élus chacun pour quatre ans et renouvelés par moitié tous les deux ans, et par une chambre de représentants du peuple composée d’au moins 70 et d’au plus 100 membres élus pour deux ans, Les sessions de la législature ne peuvent durer au plus que quatre-vingt-dix jours. Elle se réunissait autrefois à Donaldsonville, mais elle alterne maintenant tous les deux ans avec Bâton-Rouge, ville de 4,200 hab., chef-lieu du pays, et située à 2 myriamètres au nord de la Nouvelle-Orléans. La puissance exécutive est confiée à un gouverneur élu pour quatre ans, et recevant un traitement annuel de 6,000 dollars. Tout blanc âgé de plus de vingt-et-un ans, jouissant depuis deux ans du titre de citoyen des États-Unis, et domicilié depuis deux ans dans l’État ou depuis un an seulement dans l’arrondissement où a lieu l’élection, a le droit de prendre part aux élections pour la représentation nationale.
Les débuts de la Louisiane
La Louisiane fut découverte en 1541, par les Espagnols. Elle fut ensuite visitée par des Anglais, puis colonisée, à partir de 1682, par des Français, qui la nommèrent ainsi Louisiane en l’honneur de Louis XIV. Mais cette colonie, fondée au voisinage du Mississipi, ne tarda point il périr, par suite de l’insalubrité du climat.
Un riche négociant français, appelé Crozat, obtint ensuite, en 1712, le privilège exclusif du commerce de la Louisiane, qu’il céda, en 1717, à Law, lequel créa pour le commerce du Mississipi une societé de commerce à la tête de laquelle il se plaça.
En 1764 la France céda toute la Louisiane jusqu’au Mississipi à l’Espagne, qui la lui rétrocéda en 1802. Mais comme cette contrée, en raison de sa situation, de son climat et de la richesse de son sol, pouvait devenir, sous l’impulsion d’un gouvernement fort et énergique, un dangereux voisinage pour l’Union Américaine , le congrès des Etats-Unis s’opposa à cet échange; et à la suite d’une négociation suivie avec la France par l’intermédiaire de Barbé-Marbois et de Livingston , un traité signé le 30 avril 1803 adjugea aux États-Unis, moyennant une indemnité de 15 millions de dollars, la souveraineté tant du territoire de la Nouvelle-Orléans que de toute la Louisiane, dans l’état où l’ Espagne l’avait jusque alors possédée. Consultez Barbé-Marbois , Histoire de la Louisiane (Paris, 1828).
L’ esprit français de la Louisiane peu avant 1867
Le caractère le plus saillant de l’histoire de la Louisiane, c’est la persistance de l’esprit français à travers les révolutions qui ont changé son gouvernement. Les premiers aventuriers étaient des chasseurs indomptés; ils vivaient de chasse; la chasse seule alimentait leur commerce; la chasse est restée dans les mœurs; c’est presque une rage en Louisiane. Les premiers colons étaient de gais voyageurs, leurs femmes de joyeuses danseuses, le bal est encore chez les dames et les demoiselles.
Un commentaire amusant sur la Louisiane en 1867
Quand la Nouvelle Orléans n’avait pas de trottoirs, pendant la saison pluvieuse, ses rues n’ étaient que de vraies mares de boue: eh bien, dames et demoiselles couraient au bal nu-pieds, dans la fange jusqu’à la cheville, et chaussaient le soulier de satin dans une antichambre pédiluve.
L’émigration de Saint-Domingue, qui a jeté dans la Louisiane tant de familles dépossédées, a renforcé le caractère originel. Le français est encore la langue de la société; les mœurs moroses de l’austère Yankee n’y peuvent percer. En dépit du sabbat, le dimanche est le jour des plaisirs; sur les rives du fleuve, les voisins se rendent visite ce jour-là; chacun apporte sa part au banquet; on chante, et le moindre instrument, violon, galoubet, tambourin, devient l’âme de toute réunion.